Dernières parutions
Georges Bastard – Amoureux des belles matières
Tabletier virtuose, sculpteur de nacre et d’ivoire, Georges Bastard préside en 1925 la classe « Tabletterie » de l’Exposition internationale. L’État acquiert ses œuvres, Lalique et Decœur l’exposent à ses côtés. Avant que sa mort brutale en 1939 n’interrompe sa carrière. Clara Scrève répare cette injustice en révélant cet artisan de l’Oise qui savait « faire chanter » la matière sans la forcer. Entre geste ancestral et modernité, une voie singulière de l’Art déco enfin remise en lumière.
Villa Seurat – 100 ans pour une impasse ouverte sur le monde
Paris, 1924. Sur un terrain vague du quatorzième arrondissement de Paris, une impasse moderniste surgit en deux ans : la Villa Seurat. Nous y avons découvert bien plus qu’un lotissement d’ateliers. C’est un refuge où se croisent Lurçat et Gromaire réinventant la tapisserie, Chana Orloff sculptant jusqu’à sa fuite en 1942, Henry Miller transformant le quotidien en littérature, Eugene McCown faisant vibrer le jazz. Une communauté cosmopolite sans manifeste, traversant le siècle dans cette impasse ouverte sur le monde.
Pascal Honoré – Rives / Shores
Il existe un tableau qu’il ne peindra jamais, Pascal Honoré le cherche pourtant depuis trente ans dans ce dialogue obstiné entre la matière et l’invisible. Son atelier ressemble à un cabinet de curiosités où les fossiles deviennent pinceaux, où le papier népalais accueille les courbes et les aplats comme une peau fragile. Ce qui frappe d’abord, c’est cette sensorialité à vif : nymphéas, citronniers et grenadiers composent moins un jardin qu’une véritable épiphanie du vivant.
Camille de Dumast & Emmanuel Rondeau – L’Ombre de nos danses
Nous avons découvert chez Camille de Dumast quelque chose de rare : une artiste qui ne dessine pas des corps mais leurs traces fugitives. Sculptrice de formation, elle délaisse parfois la glaise pour le calame, traçant à l’encre bleue ou noire des silhouettes en suspension – couples qui s’enlacent, danseuses qui pivotent, êtres solitaires qui se replient. Ces figures minimales, réduites à quelques traits essentiels, dialoguent avec les poèmes d’Emmanuel Rondeau dans une conversation sur l’impermanence. Les deux artistes, amis de longue date, ont tissé ensemble un récit où les mots et les images se répondent sans jamais s’illustrer. Entre présence et absence, entre l’encre qui se pose et le blanc qui l’entoure, leur œuvre commune interroge ce qui reste quand les corps ont fini de danser. Une méditation nécessaire sur la fragilité des liens, portée par une économie de moyens qui révèle paradoxalement toute la richesse de l’éphémère.
Élisabeth Lemaigre-Voreaux – Trois fois rien
Élisabeth Lemaigre-Voreaux transforme les rebuts en reliques : voilà ce qui nous a saisis dans son atelier où s’entassent sables, cendres et tissus usés. Cette artiste, formée aux Arts décoratifs et guidée très tôt par Aurélie Nemours, pratique depuis des décennies une forme singulière d’alchimie créatrice. Entre ses doigts, le fragment devient mémoire : elle coud, brûle, suture, transformant draps anciens et cires votives en Gardiennes de ciment, en Masques tissés, en croix barbares. Ses voyages – du Sahel à l’Himalaya – nourrissent une spiritualité métissée où dialoguent sans hiérarchie le sacré chrétien et le fétiche vaudou, l’ex-voto populaire et le totem inventé. « Je préserve ce qui a eu une autre vie pour que la mémoire ne s’efface pas », dit-elle. Une œuvre-palimpseste où l’Arte Povera rencontre le mystique, où raccommoder devient acte de résistance.