Alex Stalenberg – Électron libre

Mot de l’éditeur :

« Ah ! la pierre ! c’est magnifique, c’est toute la préhistoire, c’est pour renifler les dinosaures ! » s’enthousiasme Alex Stalenberg. Dans ce « renifler », tout se dit : la relation presque animiste qu’entretient le sculpteur néerlandais avec la matière, ce dialogue intime qui transforme chaque bloc en confident des origines. Nous découvrons au fil de ces pages un artiste pour qui créer ne se limite jamais à produire un objet, mais constitue un acte total, allant de la caresse tactile de l’albâtre jusqu’à la construction d’espaces de liberté pour toute une communauté.

Le rapport de Stalenberg à la pierre relève d’une attention quasi médiumnique. « Je suis sensible à une vibration de la pierre ; je sens qu’avec elle, je pourrai échanger une énergie pour que les volumes s’harmonisent et atteignent une plénitude sereine », confie-t-il. Depuis l’enfance, quand il sculptait ses premières pièces « sous le rhododendron » dans le jardin de voisins bienveillants, il privilégie l’intuition au calcul. La méthode est révélatrice : plus de dessins préparatoires désormais, mais une écoute attentive de ce que la matière suggère. Paradoxe fertile, ce travailleur de la concrétion minérale ne cherche pas à figer mais à libérer – préférant les blocs de calcaire tendre et la craie de Saint-Leu aux marbres dont la dureté imposerait « un outillage lourd et bruyant » qui ferait écran entre sa main et la substance que les grands maîtres comme Henry Moore ou Ossip Zadkine ont, eux aussi, travaillée.

C’est pourtant dans l’architecture d’espaces collectifs que s’est pleinement déployé son talent. Arrivé en France en 1985, Stalenberg consacre dix années de bénévolat, à partir de 1992, au service de la communauté artistique parisienne. Un soir de 1996 à Belleville, il guide l’artiste François Giovangigli vers une porte métallique qui dissimule un trésor : « C’est le premier lycée technique de France, le lycée Diderot, fermé en 1990, 22 000 mètres carrés de création pour nous ». Le Pôle Pi, géant endormi reconverti en fourmilière créative, devient l’aboutissement d’une série d’espaces autogérés dont il prend la direction artistique – après l’Espace Timbaud et l’Espace Cascade. Ces « SquArts », comme on les surnomme alors, offrent un refuge précieux dans une capitale où les ateliers se raréfient.

Cette main qui façonne la pierre est aussi celle qui modèle le social. « Mais Alex Stalenberg ne sculpte pas seulement la pierre, il sculpte aussi le monde qui l’entoure », note justement Philippe-Louis Coudray dans sa préface. De la gestion d’espaces collectifs à Paris à la création d’associations comme l’ARPPM (Association régionale de promotion de la pierre et de ses métiers), une cohérence profonde se dessine. Par son engagement à valoriser les savoir-faire, par ses interventions pédagogiques ou ses installations monumentales dans l’espace public – comme la sculpture « Petite aubade à la nature » devenue en 2007 monument pour les enfants nés en silence au cimetière de Wahlstedt en Allemagne – il affirme une conception de l’art comme force de transformation. « Je forme. C’est tout ce que je fais. Je n’anéantis pas ! Mais j’exploite des contrastes », résume-t-il, évoquant tant son travail sur le gypse albâtre de Cherves-Richemont que ses actions collectives.

De la cabane à pigeons reconvertie en atelier par son père colombophile jusqu’aux symposiums internationaux de sculpture, la trajectoire de Stalenberg dessine une constante : cultiver des espaces – minéraux ou sociaux – où respire la liberté. Son œuvre, que cette monographie nous invite à découvrir dans toute sa richesse, rappelle que l’art est avant tout un échange d’énergies, une circulation sensible entre les êtres, les matières et les époques. Laissons donc notre regard, à l’image du sculpteur face à ses blocs, demeurer attentif à ces vibrations subtiles.

Format 24 x 30 cm
96 pages en couleurs
Couverture à rabats
isbn 978-2-35532-449-9
25 €

 

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