Victor Permal – Regards sur 50 ans de création

Textes de Roland Suvelor, Jean Marie-Louise, Daniele Laport, Bibiane Courtois, Géraldine Constant, Manuel Césaire, Loran Kristian, Christiane Chaulet Achour, René Louise

Mot de l’éditeur

« Il n’y a pas de peuple fort sans racines profondes et vivantes. » Dans l’œuvre de Victor Permal, cette conviction de Philippe Bourgade, photographe et ami disparu de l’artiste, prend une forme inattendue. Dans son atelier au pied du volcan, entouré par la forêt silencieuse, l’artiste martiniquais peint des chevaux d’un bleu profond, libres et sans entraves, symboles d’un peuple puisant sa force d’émancipation dans ses racines.

L’art de Permal s’inscrit dans une démarche de résistance culturelle. Né d’un père indien issu de l’immigration et d’une mère africaine issue de la déportation, il inscrit cette double appartenance dans sa pratique même. Sa technique personnelle – un mélange d’huile et d’encre qu’il dilue jusqu’à obtenir une matière transparente et légère – traduit plastiquement ce mélange des cultures. Les corps se mêlent, la végétation se déploie, la couleur vibre sans s’enfermer dans les limites du trait. Ces effets de fusion, caractéristiques de son travail, portent en eux l’ambition de construire ce qu’il nomme « l’unité anthropologique » de son peuple, par la « cimentaison des multiples cultures dont il est le signe éclaté. »

Cette synthèse visuelle se nourrit d’un parcours peu ordinaire. Prêtre catholique dans les quartiers populaires de Fort-de-France, il y découvre « les insatisfaits et victimes des ordres établis. » Sociologue formé à l’Institut catholique de Paris, il développe un regard aiguisé sur les rapports de domination politique, religieuse, économique. À Alger – pays pour lequel il éprouve une émotion particulière en raison de son lien avec Frantz Fanon – son exposition sur les négriers marque un tournant dans son œuvre et confirme sa conviction : l’art doit participer à la construction d’une société progressivement émancipée.

Les œuvres rassemblées dans ces pages dévoilent un artiste qui a choisi la verticalité, tant dans le geste que dans la pensée. Sa gestuelle « vivace et alerte » libère la peinture du « carcan de l’imitation pour atteindre l’essence même de la réalité. » « Monté pli wô pou gadé pli lwen » (Monter plus haut pour voir plus loin) : cette maxime créole guide à la fois sa recherche esthétique et son engagement.

Car si Permal peint la Martinique – ses mornes, ses corps, sa végétation luxuriante – c’est pour donner forme à une dimension universelle : la « capacité d’un peuple de vivre, de réussir et de se développer en dépit de l’adversité. » Chaque tableau devient ainsi un espace où se rejoignent l’intime et le collectif, l’histoire particulière et la condition humaine.

Cette œuvre qui transforme « sa nature, la nature, en culture » trace depuis cinquante ans un chemin singulier dans l’art actuel. En mettant en relation les différents héritages de la Martinique, Permal invente un langage pictural qui porte la mémoire tout en ouvrant des perspectives nouvelles. Et nous invite à réfléchir sur le rôle de l’art dans l’épanouissement d’un peuple.

24 x 30 cm
208 pages en couleur
Couverture reliée
isbn 978-2-35532-429-1
48 €

 

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